1re Conversation du TyA à Genève

Le samedi 12 avril 2014 a eu lieu la première Conversation du TyA à Genève avec le soutien de l’ASREEP-NLS dans le service d’addictologie des HUG. La présence d’une soixantaine de personnes a rempli la salle de réunion.

En guise d’introduction Nelson Feldman a souligné l’importance du naissant TyA en Suisse, pays où des expériences originales comme la prescription d’héroïne ou les salles de consommation ont vu le jour.

Les concepts lacaniens sont d’une grande éclairage et actualité dans la clinique des addictions mais également dans la lecture de la réponse médicale et sociale aux phénomènes touchant à l’addiction, un signifiant à travailler dans notre école et qui recouvre un domaine de plus en plus vaste. Le concept de jouissance a une place centrale dans cette clinique.

Fabián Naparstek, membre de l’EOL et fondateur du TyA à Buenos Aires, invité spécialement pour cet événement, a donné une conférence sur « l’essaim actuel de drogues et les métastases de jouissance ». Il a évoqué l’évolution historique de la consommation de substances et il a précisé les différentes modalités de traitement de la toxicomanie aux substances en précisant, à partir d’un texte d’Eric Laurent sur les quatre versants du traitement :

  • Par l’objet, comme dans la substitution par opiacés (méthadone, par exemple)
  • Par le savoir comme dans les communautés thérapeutiques qui s’appuient sur la figure de l’ancien toxicomane
  • Par le signifiant maître et l’identification à un idéal visé, comme dans les alcooliques anonymes.
  • Et le traitement par le sujet proposé par la psychanalyse en laissant toute sa place au singulier avec la reconnaissance de la fonction subjective de la drogue dans une clinique structurelle du cas par cas.

Les deux présentations cliniques de Nteli Katerina et Thomas Rathelot, psychiatres travaillant au sein des hôpitaux universitaires de Genève ont permis de construire une clinique du cas par cas et d’engager une riche Conversation avec les participants.

Ces cas ont permis de dégager certains points cruciaux dans la clinique de la toxicomanie :

  • La fonction subjective de l’usage de substances, singulier dans chaque cas.
  • L’importance de construire la structure clinique sous-jacent à la consommation de substances
  • Le travail par la parole proposé au sujet, appuyé par un désir de savoir.

Ces présentations montrent l’importance de la présence dans les institutions des collègues formés dans l’orientation de psychanalyse lacanienne.

Par ailleurs, la sévérité des cas traités en institution met en relief la clinique de la psychose dans cette pratique.

Eric Taillandier a présenté le TyA Rennes et le cycle des Conversations qui convoquent un réseau large des addictions et des réunions qui peuvent aller jusqu’à 200 participants. Le travail s’inspire du modèle de travail Uforca (Sections cliniques) avec des titres de réunions qui rappellent une pratique « réaliste » comme par exemple, « la famille », « l’urgence » ou « l’errance ».

Jean- Marc Josson a introduit le TyA Bruxelles et il a rappelé les quatorze Conversations qui ont déjà eu lieu à Bruxelles avec une méthode de travail fondée sur l’enseignement à tirer de chaque cas. Il a remarqué la série de cas des psychoses, très souvent abordés dans ces Conversations et qui illustrent les cas traités en institution.

Il a présenté Enaden, institution orienté par la psychanalyse lacanienne, créée en 1982 à Bruxelles, pour accueillir des sujets avec une problématique de toxicomanie.

Le climat de travail et d’échange était riche et stimulante pour tous. La méthode de la Conversation a montré ses preuves à Genève.

Compte-rendu par Nelson Feldman