Atelier de criminologie lacanienne 2017-2018

Structure, traits ou suppléances ? De la fascination PERVERSE à une clinique/un discours sur la PERE-VERSION

«  (…) pour parler scientifiquement de la perversion, il faudrait partir de ceci, qui est tout simplement la base de Freud – on l’a dit, on l’a amené timidement dans les trois essais sur la sexualité : la perversion (…) est normale » (1).

« Je souligne que la pulsion n’est pas la perversion. (…) Au contraire, ce qui définit la perversion, c’est justement la façon dont le sujet s’y place » (2).

« Il n’y a pas une seule forme de manifestations perverses dont la structure même, à chaque instant de son vécu, ne se soutienne de la relation intersubjective » (3).

 

La participation est gratuite sur inscription (cf. mail en bas). Les réunions ont lieu mensuellement tous les 3èmes mercredis du mois de 18H30 – 20H00 d’octobre 2017 à juin 2018.

Les rencontres ont lieu à l’avenue de la Gare 17, au 1er étage du Bar-Café Casino, salle des Artistes, Martigny,

La première rencontre du cycle 2017-2018 aura lieu le mercredi 18 octobre. Une bibliographie et un support théorique sur le thème de l’année sont adressés aux personnes inscrites.

Les autres dates sont : le 15 novembre 2017, le 20 décembre 2017, le 17 janvier 2018, le 21 février 2018, le 21 mars 2018, le 18 avril 2018, le 16 mai 2018 et le 20 juin 2018.

Inscriptions à envoyer par mail à ou au 0041 79 373 05 83

Organisé par ASREEP-NLS

 

  1. J. Lacan, Le Séminaire XIII, « L’objet de la psychanalyse », séance du 15 juin 1966 (inédit).
  2. J. Lacan, « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », Séminaire XI, Paris, Seuil, p.165.
  3. J. Lacan, « Les Ecrits techniques de Freud », Séminaire I, Paris, Seuil, 1975, p.239.

 

ARGUMENT

Dans les trois essais sur la théorie sexuelle de 1905, Freud soutient que les aberrations sexuelles ne sont pas des monstruosités, des bestialités ou l’expression d’une inhumanité. Il démontre que la perversion existe pour tous, elle est donc « normale ». Chez certains, elle est mise en actes alors que chez d’autres, elle est refoulée, demeure inconsciente ou dans le fantasme. La vraie question sera ainsi de savoir à partir de quel moment et comment la perversion devient-elle anormale ?

Un mot sur cette équivoque entre la position perverse (perversion) et père-version. Elle est logique avec cette citation de Jacques Lacan qui explicite ce qu’il entend par la père-version : « Jusqu’où va, si je puis dire, la père-version ? (…) La père version est la sanction du fait que Freud fait tout tenir sur la fonction du père. (…) l’amour, et par-dessus le marché, l’amour que l’on peut qualifier d’éternel, s’adresse au père, au nom de ceci qu’il est porteur de la castration. (…) C’est dans la mesure où les fils sont privés de femmes qu’ils aiment le père. (…) La Loi dont il s’agit dans l’occasion est simplement la loi de l’amour, c’est-à-dire la père-version » (1). La père-version est en quelque sorte soutenir la réinscription du sujet – en position perverse et qui ainsi s’excepte du lien social – de soutenir son inscription dans un discours soit sous le chapeau d’un Nom-du-père ou encore du mythe de l’œdipe.

La « mécanique » de la perversion répond à une position subjective transstructurelle qui touche spécifiquement au rapport de l’être parlant à l’énigme du rapport sexuel. Par conséquent, ce qui signe la perversion ce n’est pas l’acte mais la position du sujet. Si le démenti est aussi transstructurel, dans la perversion, il est toujours retrouvé.

Pourtant, comme le relevait Freud, le pervers n’est pas systématiquement et pour toutes ses interactions avec l’autre dans le démenti. Il note que le pervers peut montrer une vie normale dans les autres domaines de sa vie ce qui questionne la nature de sa structure.

Hervé Castanet note que le cœur de la position perverse « interroge ce qui manque à l’Autre afin d’y parer, afin de le supplémenter » (2). Il ajoute que cette position est « (…) trop souvent réduite à une somme d’instincts se manifestant, dans leur impulsion, à l’air libre. Le pervers n’est pas un sujet affronté à ses pulsions conçues comme précédant le signifiant, n’est pas un sujet débordé par l’intensité pulsionnelle – sa poussée » (3).

Une dernière question concerne la nature de l’acte pervers. Celui-ci ne serait-il pas une tentative de solution pour s’arracher à l’angoisse liée au rapport qu’il a à sa jouissance? Cette hypothèse se fonde sur l’observation clinique soutenue par Lacan dans laquelle il montre que c’est « à l’angoisse que l’action emprunte sa certitude » ; qu’agir, c’est opérer un transfert d’angoisse.

Ce sont ces points que nous allons travailler au cours de l’année de travail.

 

  1. J. Lacan, Le séminaire XXIII« Le Sinthome », Paris, Seuil, 2005, p.150.
  2. Hervé Castanet, « La perversion »; 2ème éd.2012, Anthropos, p.118.
  3. Idem, p.131.

 

LECTURES