Brunch clinique : « Le corps dans notre clinique »

Date : Samedi 9 octobre, 2021 – de 10h à 14h30

Lieu : Hôtel Mirabeau, 31, avenue de la Gare, Lausanne

Avec la participation de Paola Bolgiani, psychanalyste à Turin, ancienne présidente de la SLP, membre de l’AMP et du centre psychanalytique de traitement des malaises contemporains (Turin).

Présentations de cas cliniques :

  • Bruno Roualdès
  • Juliette Duval
  • David Knobel

 

Argument

Tout au long de son enseignement, Lacan a donné au corps un statut, un registre qui se sont déplacés au fur et à mesure de ses avancées théoriques. Ainsi tout au début, nous trouvons le corps pris dans les coordonnées imaginaires formalisées dans le stade du miroir. Ensuite, avec le primat de l’ordre symbolique, la métaphore paternelle comme point de capiton et l’intrusion du langage dans le corps, nous trouvons le corps symbolique affecté par le langage. Le résultat de cette opération est une perte, une « perte de jouissance, » – nous rappelle Anne Lysy1 – « irrécupérable » mais qui est à la fois « constitutive du corps ».

Citons deux séminaires qui se suivent, le Séminaire X sur l’angoisse, où Lacan élabore une conception de l’objet disjoint du signifiant, l’objet petit « a » de Lacan.  Objet petit a résidu de la opération subjective qui concerne l’Autre.

Et le séminaire XI, « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », référence incontournable où Lacan fait une relecture de la pulsion freudienne et des zones érogènes.

Un nouveau virage est opéré dans les années septante, lorsque Lacan nous propose de substituer le concept d’inconscient par celui de parlêtre.

Ce néologisme introduit le corps comme “substance jouissante”2. Lacan fait référence à la condition primaire de la jouissance dont le vivant et le corps sont le support. Nous assistons avec le séminaire « Encore » à « une inversion qui vaut par rapport à tout le cheminement de Lacan »3 – comme nous dit J.A. Miller – « Lacan met en question le concept même du langage »4, il nous propose un nouveau néologisme « lalangue » pour indiquer les effets de résonance du signifiant dans le corps. Ici la parole est prise « avant son ordonnancement grammatical et lexicographique »5.

Le corps est un des trois registres, mais Lacan ne cessera pas d’avancer sur cette question, ainsi il nous dit dans le séminaire XXIII que : « Le parlêtre adore son corps, parce qu’il croît qu’il l’a. En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale, bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant»6. Anne Lysy ajoute « il faut quelque chose pour le faire tenir ».

Ce moment de travail clinique est une invitation à penser le corps dans toutes ses variations, le corps pris dans le discours du maître, de la science qui tente de nommer ce qui l’habite. Que faisons-nous de ce corps parlé par l’Autre ? Quel est-il dans la clinique avec les enfants ?

Actuellement, dans ce moment de pandémie, les corps sont pris dans le discours sanitaire, certes nécessaire, mais qui n’est pas pour autant sans conséquences. Nous avons fait l’expérience des écrans, des téléphones, mais qu’en est-il de la voix, du regard, de la présence et de l’absence ? Voilà quelques pistes pour démarrer ce travail d’élaboration et de discussions.

Pour le bureau de l’ASREEP de la NLS,
Sandra Pax-Cisternas

 

 

Notes :

  1. Lysy. A, « L’énigme du corps », La cause freudienne n°69, Paris, 2008, pp. 7-12.
  2. Lacan, J, Le Séminaire, Livre XX, « Encore » (1972- 1973), Paris, Le Seuil, 1975, p.19.
  3. Miller. J-A, « Les six paradigmes de la jouissance », La cause freudienne, n°43, Paris, oct 1999, p. 3-21.
  4. Idem.
  5. Idem.
  6. Lacan du séminaire 23, Le sinthome, 1975-76 Paris, Ed. Seuil, 2005 page 66.