Le savoir ne s’apprend pas

Le savoir ne s’apprend pas (1)… Cette petite phrase de Daniel Roy me saisit un jour par surprise au détour d’une lecture, me faisant l’effet d’un « touché, Pussy Cat ! » (2).

Cette phrase en effet suscita en moi différents mouvements inattendus : étonnement, incompréhension, agacement, et enfin un mouvement de joyeuse surprise et d’allégement : elle m’avait permis d’opérer enfin une distinction entre le savoir psychanalytique et le savoir que je m’échinais jusque-là à acquérir. En effet, je concevais le savoir psychanalytique comme déjà établi et à assimiler, en lisant, travaillant, participant à des séminaires, etc… Je m’exaspérais de pas y arriver, ou au contraire, pestais contre la complexité de certains textes ou séminaires. Le savoir pour moi existait, mais était chez l’Autre (chez certains maîtres par exemple).

Je recherchais ainsi un savoir tout ficelé, un savoir tranquille, désubjectivé : un savoir donc débarrassé de toute trace de jouissance, chez moi ou chez l’Autre.

C’est ceci que cette phrase vint ébranler chez moi, creusant un petit trou. Mon parcours d’analyse jusque-là permit que je ne me précipite pas pour le reboucher, mais commence à composer à partir de ce qui m’agite, m’échappe, me questionne. Que je me mette à écrire ma propre composition, dans une articulation entre les textes, l’Ecole, les contrôles, mon analyse et mon inconscient.

C’est à partir de là que le travail en cartel devint pour moi un désir décidé, et plus seulement un élément du cursus de formation.

Dominique Tercier, Pully

 

  1. Le savoir de l’enfant, Daniel Roy, Eric Zuliani, ouvrage collectif, Ed. Navarin, 2013.
  2. Tom & Jerry, 1954, William Hanna et Joseph Barbera.

 

Plus de textes sue les cartels dans notre section: « Cartel »