Séminaire de Construction de Cas

  • Lieu : CAAP Grand-Pré, Hôpitaux Universitaires de Genève, Rue du Grand-Pré 70C, 1202 Genève
  • Date : Samedi 15 décembre 2018

 

PROGRAMME

9h00 Accueil

9h30 -11h00

Présentation de cas clinique

Aikaterini Nteli

Psychiatre et psychothérapeute FMH, membre de l’ASREEP-NLS

11h00 – 11h30 Pause

11h30- 13h00

Conférence par Alexandre Stevens : « Construire le cas et lire le symptôme » 

Psychiatre, psychanalyste à Bruxelles, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne et vice-président de la NLS

13h00

Fin · Responsables du Séminaire

Sofia Guaraguara, Aikaterini Nteli, Thomas Rathelot et Lidia Sinka

 

ARGUMENT

Que ce soit dans la pratique clinique psychiatrique institutionnelle ou dans le cadre de la formation ou des rencontres psychanalytiques lacaniennes, nous sommes régulièrement amenés à exposer notre travail clinique, à présenter des « cas absents », comme Philippe De Georges les nomme dans son texte « Construction de cas »1. Cependant, nous nous sommes rendu compte qu’il existe peu d’orientations sur cette activité qui semble aller de soi pour la majorité de cliniciens. Dans ce séminaire, nous voudrions questionner les fondements théoriques de la notion « construction de cas » aussi bien que répertorier les outils qui sont à notre disposition pour cette forme de partage de l’expérience clinique.

Pour donner quelques éléments qui vont guider le travail pendant ce séminaire, nous proposons de lire la contribution de Philippe De Georges précité, paru autour des XXXe Journées de l’ECF en 2001, accessible librement sur internet. Dans ce texte, nous trouvons des références de l’approche de Freud, basée sur son article de 1937 «Constructions dans l’analyse», des avancées de Lacan ainsi que le commentaire de Jacques-Alain Miller, intitulé « Marginalia », éclairant la lecture dudit texte de Freud.

L’idée de Freud sur la construction en analyse serait une reconstitution globale par l’analyste du tissu dont le symptôme n’est qu’un motif dont l’analyste extrait un élément inconscient, manquant au sujet, qu’il lui communiquerait pour le faire avancer dans sa tâche analysante, sous transfert bien évidemment2. Lacan apporte l’élément selon lequel il n’y aurait pas de neutralité bienveillante : l’expérimentateur appartient à l’expérience et l’analyste fait partie du concept d’inconscient. Dans le séminaire « L’acte analytique »3, en parlant des expériences pavlovienne, Lacan introduit trois dimensions : le désir (de l’expérimentateur/analyste), le sujet (d’une part l’observateur comme agent mais sans doute aussi l’objet de l’expérience donc l’analysant, divisé par les signifiants et agi par le transfert) et l’acte (à savoir que l’observateur serait agent des faits qu’il construit). Jacques-Alain Miller souligne un changement qui s’est opéré depuis Freud dans la fonction des constructions dans l’expérience de l’analyse. Selon lui, la construction est à la charge de l’analysant. Bien que l’analyste lui communique par touches son savoir, c’est l’analysant qui, au terme de sa cure, est le seul à même de produire l’édifice, dont le plan ne se lit qu’après-coup et dont fantasme et symptôme seraient les maîtres mots4.

Il est importent de mettre au travail également ce qui s’opère lors de la présentation de « cas absent », que se soit lors d’une séminaire clinique ou lors d’un contrôle ou même dans la passe (dans la mesure ou l’exposé se fait en troisième personne), ce qui s’appuie sur une structure à trois éléments : « le cas » (absent à propos de qui on parle) ; l’exposant (qui livre le récit à partir de la rencontre) ; et le ou les auditeurs (qui reçoivent le récit). Malgré le seul intérêt pour l’analysant et l’effacement de l’exposant, le cas n’atteint aucune objectivité. Le but n’est pas la transcription linéaire, mais la mise en lumière du déroulement de la tâche analysante, l’élaboration de l’inconscient et simultanément le désir en acte de l’analyste.

Nous aimerions conclure avec l’avertissement de Philippe de Georges : « la construction d’un cas dans un séminaire d’élucidation des pratiques, bien loin de faire du cas l’illustration d’un point de théorie, vise à faire surgir sa singularité irréductible. …Toute construction s’avère ainsi à travers la mise en évidence des lignes de destinée d’un sujet, tension entre structure et singularité. ».

 

  1. Philippe De Georges, Construction de cas, 2001, Tu peux savoir comment on analyse à l’ECF, Liminaire des XXXèmes Journées de l’Ecole de la Cause freudienne, Collection Rue Huysmans.
  2. Sigmund Freud, Constructions dans l’analyse, 1937.
  3. Jacques Lacan, séminaire « L’acte analytique », 1967-1968.
  4. Jacques-alain Miller, Marginalia, 2010-2011.