Quels excès dans l’amour ?
J’ai été un peu embarrassée par le thème : Les excès de l’amour. La notion d’excès, vous me direz ce que vous en pensez, ne me semble pas une catégorie très compatible avec la psychanalyse. Avec la morale, oui, mais avec la psychanalyse, moyen ! Et cela, depuis Freud. Souvenons- nous que Lacan déplace la chose de la morale à l’éthique, la morale étant du côté du surmoi et les excès, genre excès de vitesse, excès de nourritures, bref de la tentative d’une gestion moralisante de la vie. L’éthique est autre chose. L’éthique est en lien avec le désir et la jouissance.
Je ne suis pas donc pas très à l’aise avec cette notion d’excès ni avec la nature de l’amour. Sans doute parce que l’amour est une passion, comme la haine et l’ignorance. Pas grand-chose à en dire si ce n’est c’est chose extrêmement puissante. Tout l’édifice psychanalytique est fondé sur le transfert et à suivre Freud, le transfert est l’amour et il régit absolument toutes les affaires humaines, avec la haine. L’amour et la haine régissent toutes les affaires humaines. C’est un pouvoir inarrêtable. Le transfert sauve de tout. J’en étais là.
J’en étais là, et puis je suis allée au théâtre. J’ai vu une pièce mise en scène par Alain Françon qui s’appelle Les nouvelles surprises de l’amour, de Marivaux1. Je suis tombée dans Marivaux, du coup. Et figurez-vous que dans Les Nouvelles surprises de l’amour, il y a deux voisins en face l’un de l’autre : une dame qui est veuve, un monsieur qui est endeuillé par l’abandon d’une amante. Tous les deux commencent à se parler et appellent leur lien « amitié ». Leur amitié devient très forte, très très très forte. J’ai été déportée de la question de l’amour à la question de l’amitié. Et du coup, ce qui m’a sauté à la figure, ou plutôt à la mémoire, est une formule, inoubliable pour moi, qui se trouve dans les Essais de Montaigne. Quand il y parle d’un homme dont je vais parler un petit peu, Étienne de La Boétie. Cette formule se trouve dans le premier tome des Essais de Montaigne, chapitre 28 de l’Amitié. Il tente d’expliquer ce qui s’est passé entre lui et La Boétie. Cette formule est la suivante : parce que c’était lui, parce que c’était moi. Je la trouve magnifique.
Vous comprenez, je pense, pourquoi. Elle met en évidence qu’il n’y a aucune raison à ce que cette amitié se soit déployée entre eux, qu’elle est purement liée à la tuchè, donc au plus complet hasard d’une rencontre, rencontre qu’il raconte. Pendant une soirée où ils se mettent à converser, ne se séparent plus de la soirée, et ce lien d’amitié, c’est ainsi qu’il l’appelle, durera jusqu’au lit de mort de La Boétie, décédé extrêmement jeune. Il avait écrit un texte célèbre, dont je ne sais pas si vous l’avez lu, mais si vous ne l’avez pas lu, je vous engage à le lire. Il l’avait écrit, on ne sait pas très bien, à seize ans ou à 18 ans. Le titre en est : Discours sur la servitude volontaire, renommé Contre Un. N’entendez pas De l’Un. Contre Un, avec une équivoque : contre l’Un du tyran. Mais c’est contraint aussi, avec l’équivoque de la contrainte puisqu’il s’agit de servitude.
Je vais donc parler de l’amour à partir de l’amitié.
Qu’est-ce qui différencie l’amitié de l’amour ? Évidemment, je vais me servir d’un guide sûr, un conseil par Lacan, qui est de toujours envisager un problème à partir de la mise en place des trois dimensions, l’imaginaire, le symbolique et le réel.
Commençons par éclairer ce qui de l’amour relève de l’imaginaire, pour envisager ensuite ce qui de l’amour relève du symbolique puis ce qui de l’amour, éventuellement, relèverait du réel.
Si ce que je vais dire était un texte et non un exposé oral, il y aurait un « prétexte » comportant deux phrases : parce que c’était lui, parce que c’était moi et une phrase extraite d’un texte de Gérard Genette. Je ne sais pas si vous connaissez Gérard Genette. Non ? Tant mieux pour vous, vous allez pouvoir le découvrir et le lire ! C’est un auteur magnifique qui a formé des générations en littérature française. À la fin de sa vie, il a écrit un petit livre : Bardadrac2, en reprenant un mot inventé par une de ses amies pour désigner le fatras qu’elle avait dans son sac. Très âgé, lui est venue l’heure de vider son sac, ce qu’il fait en suivant l’ordre alpahabétique. Je n’ai donc eu aucune peine à trouver l’entrée amour mais n’ai rien trouvé sur amitié. Je vous cite ce qu’il écrit sur amour. « En amour, disait Balzac, il y en a toujours un qui souffre et un qui s’ennuie. » (relisant Adolphe, il aurait plutôt dit une qui souffre.) Je ne sais quel mauvais esprit répondait : « Pardon : Vous devriez peut-être changer de position ». Joli, n’est-ce pas ? Il y a les positions du point de vue genré, les positions du point de vue de la jouissance, la jouissance sadique et la jouissance masochiste. Mais changer de position est là un Witz, par le passage du sens figuré au sens propre. J’introduis donc par ces deux citations, Parce que c’était lui, parce que c’était moi, et Vous devriez peut-être changer de position. Nous, nous allons juste changer de dimensions pour envisager les excès de l’amour.
La dimension imaginaire
Le coup de foudre évidemment, développé par Lacan, vous vous en souvenez, à partir de Goethe : Charlotte.
Ça arrive, le coup de foudre et c’est étonnant quand ça arrive. Qu’est-ce que tomber follement amoureux de quelqu’un dont on ne sait rien, qu’on ne connaît pas, dont on n’a jamais entendu prononcer un mot ? Là est sans doute la condition. C’est peut-être ça qui permet la chose (rire). Euh, oui, mais c’est très sérieux ! C’est très sérieux, psychanalytiquement, et si je puis dire prosaïquement, l’autre qui n’a rien dit encore, dont on n’entend pas la voix, dont on n’a pas entendu la voix, dont on n’a pas entendu l’objet voix. Et d’ailleurs, à propos d’objets, quelle est une des grandes formules du discours commun sur l’aveugle ? L’amour est aveugle. L’amour, du point de vue imaginaire, quand il se déploie, est un court-circuit de l’objet a, l’objet regard, ou l’objet voix. L’amour est un bug. Qu’est-ce qu’il reste alors ? Il reste la prégnance d’une image, la prégnance d’une image inattendue.
Comme je savais que je devais vous en parler, j’étais particulièrement attentive à une rencontre dont on parlait. Et voilà, cette dame avait vu ce monsieur. Il était assis en train de manger dans un petit café. Et elle avait eu le regard attiré par la couleur de son costume qui se trouvait être une couleur bizarre, bizarre au sens où ce n’était pas noir, blanc, jaune. C’était une couleur un peu inhabituellement portée par les hommes comme telle, en termes de costume. Elle pouvait être portée en termes de chemise, mais pas en termes de costumes. Et le matériau aussi était bizarre : c’était un matériau de jersey, pas très courant. Voilà, la dimension du coup de foudre. C’est une dimension où l’image, et non pas l’imaginaire, au sens qu’on a vu déployé dans la présentation du cas clinique qu’on vient d’écouter, l’image au sens fort de l’empreinte telle qu’étudiée par l’éthologie, au sens premier du terme. Une prégnance de cette image qui emporte tout, qui produit une passion ; qui parfois ne franchit pas l’épreuve du temps, mais qui éventuellement laisse des traces quand même.
L’autre référence à la dimension imaginaire qui m’est venue en tête, est l’histoire de Carmen. J’écoutais récemment ça, la Carmen de Bizet : la formule qui vient est Je l’aimais trop, je l’ai tuée. Ce qui est une des grandes formules du féminicide, puisqu’on parle de ça aujourd’hui. On parle du féminicide, particulièrement dans les pays hispaniques puisque le record de féminicides appartient, comme vous le savez peut-être, au Mexique. Et que l’Espagne ne se défend pas mal non plus. Mystérieux, mais c’est comme ça. Donc là aussi, cette dimension de Je l’aimais trop, je l’ai tuée renvoie à la théorisation en termes d’imaginaire que Lacan a déployée quand il a parlé justement de l’agressivité en psychanalyse. C’est une dimension comme ça où tout d’un coup l’agressivité saisit le sujet et lui fait faire des actes auxquels il n’a pas forcément pensé, disons, avant le moment où ça se déclenche, et qu’il n’a pas prémédités. D’ailleurs, pendant longtemps, le fait qu’il n’y ait pas préméditation était un argument pour la défense du criminel en question. Donc vous serez d’accord avec moi pour dire qu’il s’agit d’egos ? Que c’est un rapport d’ego à ego ? Et que par conséquent c’est la part du moi qui s’oppose au ça et au surmoi, d’une certaine façon, pas à pas : une prégnance de l’ego. C’est d’autant plus intéressant que, précisément dans les Essais, Montaigne utilise le terme d’ego pour parler de lui et de son ami, Étienne de La Boétie. L’excès imaginaire de l’amour est à mettre au compte de l’ego, c’est une histoire d’ego. Passons à la dimension du symbolique.
La dimension symbolique
Montaigne dans ce chapitre parle de La Boétie. Il commence par évoquer, au début, son lien à La Boétie. Il parle alors de ce que La Boétie a fait. On n’a pas ici un seul fait, mais beaucoup de choses, et en particulier, de la politique. La Boétie était au Parlement de Bordeaux et il était un de ceux qui, cherchant à trouver des solutions pour que la guerre entre les protestants et les catholiques ne se rallume pas, cherchait à suivre l’orientation donnée par Henri IV sur la libre pratique par les protestants de leur culte et le refus des massacres qui ont eu lieu, comme vous le savez, en France à cette période. Il parle aussi du goût qu’avait La Boétie pour l’antiquité. Enfin il parle du Discours sur la servitude volontaire, disant qu’il n’est demeuré de lui que ce discours, et encore, par rencontre, ce qui, dans le français de l’époque, veut dire par hasard. « Mais il n’est demeuré de luy que ce discours, encore par rencontre, et croy qu’il ne le veit oncques depuis qu’il luy eschappa, et quelques memoires sur cet edict de Janvier, fameus par nos guerres civiles, qui trouveront encores ailleurs peut estre leur place. C’est tout ce que j’ay peu recouvrer de ses reliques (entendez le mot reliques), moy qu’il laissa, d’une si amoureuse recommandation, la mort entre les dents, par son testament, héritier de sa bibliothèque et de ses papiers) outre le livret de ses œuvres que j’ay faict mettre en lumiere. »3
Il introduit ce qu’il va appeler amitié par la dimension du symbolique puisqu’il l’introduit par un legs, celui qu’Étienne de La Boétie lui fit à sa mort, legs de livres, et un testament. On ne peut pas être plus dans le symbolique. La Boétie lui donna aussi le livret de « ses œuvres », œuvres dont il ajoute « que j’ai fait mettre en lumière ». Effectivement, le chapitre qui suit est consacré aux sonnets qu’avait écrits dans sa jeunesse La Boétie.
Deuxième point relevant de la dimension du symbolique. Si l’expression est « amoureuse » et non pas « amicale », et qu’il va soutenir que c’est son ami, tout le temps, il prend cependant soin de faire savoir aux lecteurs qu’ils n’ont jamais couché ensemble. Ça, c’est clair parce que Montaigne reprend tout ce qui peut se dire de l’amitié entre hommes, et commence par Platon puis, à différentes périodes, les grands philosophes qui ont parlé de ça. Il ne fait pas la chochotte sur ce que dit Platon, sur l’importance du lien homosexuel chez les hommes, mais simplement il l’écarte, pour montrer que son lien avec La Boétie n’était pas de cet ordre. Donc, le deuxième point pour introduire le symbolique me semble être, puisque nous sommes lacaniens, la demande. La demande est un des piliers de l’ordre symbolique. La demande, dont Lacan dit à plusieurs reprises qu’on peut la réduire par économie à la demande d’amour. Toute demande est à envisager comme une demande d’amour.
C’est très intéressant, parce que finalement, si je demande à mon voisin : “Voulez-vous me passer ma bouteille d’eau, s’il-vous-plaît ?” C’est une demande et c’est une demande par quoi je mesure l’amour qu’il a pour moi, puisqu’il me l’a passée, n’est-ce-pas ? La demande est donc quelque chose de connecté à l’amour, mais aussi de fondamentalement insatiable. Ça ne s’arrête jamais. Jamais. C’est une des bases de la possibilité d’existence de la psychanalyse. C’est parce qu’il y a une demande d’amour dans la demande de parole, de dire, de parler, que les analyses trouvent leur place, si je puis dire, libidinale dans un sujet. Et d’une façon générale, je dirais que c’est le seul recours. C’est la demande insatiable, seul recours contre la pulsion de mort, bien qu’elle- même soit liée à la pulsion de mort.
Pourquoi ? Eh bien, parce que justement, c’est une demande de dire. Ce n’est pas une demande de se taire. L’analyse est possible même quand quelqu’un se tait, obstinément ou pas. D’ailleurs, quand rien ne lui vient, on a la preuve que quelque chose se dit même dans ce silence. La demande, vous le sentez bien, est liée toujours à l’autre. Évidemment, le petit autre et le grand Autre, qui se trouve derrière le petit autre, toujours. D’ailleurs il y a une formule de Lacan dans le Séminaire …Ou pire. Ce qui montre le caractère dialectique de la demande, git dans la formule : Je te demande de me refuser ce que je t’offre, parce que ce n’est pas ça. Voilà. Chacun des mots est important. Je te demande, mais curieusement, je te demande de refuser mon don car ce n’est pas un don qui fera taire la demande.
On a tendance à penser que l’objet que je demande, c’est précisément ça que je veux. Pas du tout. Je te demande de me refuser. Donc ce que je veux, c’est un refus de ta part. Parce que c’est la personne qui a cet objet que je te demande. En fait, c’est moi. Vous devez avoir en tête tout le schéma de la communication chez Lacan, qui se trouve dans les Écrits, et le graphe du désir qui évidemment implique la demande, qui ne peut pas se produire sans la demande. Donc là, vous voyez apparaître subrepticement le désir. Mais en tant que précisément, il est caché dans les plis et les déploiements de la demande, que ce soit le ce n’est pas ça qui est une définition de l’objet a. L’objet a, c’est : ce n’est pas ça. Jamais.
Pour donner un exemple du ce n’est pas ça, je vais plutôt m’adresser aux dames, mais je pense que c’est pareil pour les messieurs sur ce point. Ce n’est pas très genré, c’est ce que je veux dire. Je ne sais pas, mesdames, mais moi, il m’est arrivé à quelques reprises de voir un habit, un vêtement, sur une autre femme. Et de le trouver absolument merveilleux, de le chercher, de le mettre. Et alors apparaît le ça n’est pas ça. Il s’agit en l’occurrence, dans l’hystérie, de l’image de l’autre femme, de la Madone. La clé de la demande en termes pulsionnels est toujours ce n’est pas ça. La clé de la demande est derrière l’objet demandé.
Les objets de la demande cachent les objets du désir. D’abord parce qu’ils circulent. Bon, prenez bien en tête la chose suivante : il y a trois places, comme dans une phrase. Sujet, verbe, complément. Comme ça, vous voyez la place de complément, c’est-à-dire la place troisième dans la phrase, c’est, on va dire, la place de l’objet désiré. C’est -à-dire ? C’est tout l’ensemble des objets que Lacan va caractériser, dans le Séminaire L’envers de la psychanalyse, de lathouses. Et le chemisier de la dame et cetera sont des lathouses. Mais pour fonctionner comme lathouse, il faut qu’ils aient été touchés par quelque chose, qu’ils soient contaminés par les objets causes du désir, qui sont, eux, en quantité limitée. Pourtant, comme dit Lacan dans le Séminaire X, ils circulent parmi les autres qui sont eux objets de concurrence et du marché.
Ces objets causes du désir sont les objets en jeu dans le je te demande, sous la modalité du ce n’est pas ça. Sans objet, il n’y a pas de demande non plus. Pas de désir, c’est évident, mais pas de demande non plus. Fondamentalement insatiable, la pulsion habite la demande, laquelle prend la forme de la demande d’amour.
Enfin toujours dans le registre du symbolique en ce qui concerne l’amour, il y a une formule de Lacan que j’ai mis un temps infini à comprendre. Vous, vous l’avez peut-être compris du premier coup, je n’en sais rien. Il dit que l’amour est une métaphore. Mais, rétroactivement, comme souvent chez Lacan, ce qui semble compliqué est en fait d’une simplicité formidable. Qu’est-ce que c’est qu’une métaphore ? Une métaphore, c’est une place au-dessus, une place en dessous et un petit trait : c’est comme ça que Lacan écrit la métaphore. Et puis ça roule. C’est-à-dire que ce qui est au-dessous vient au-dessus et ce qui est au-dessus vient au-dessous, et cetera. Pourquoi donc l’amour est-il une métaphore ? Eh bien parce que pour qu’il y ait amour, il faut que l’amant puisse prendre la place de l’aimé et que l’aimé puisse prendre la place de l’amant. Il va revoir ses classiques, c’est-à-dire le développement de l’homosexualité en Grèce. Pour évoquer finalement une institutionnalisation du dispositif de la métaphore amoureuse qui était qu’en Grèce, il était coutume que l’amant soit plus âgé et que l’aimé soit plus jeune : et quand l’aimé devenait plus âgé, il devenait à son tour amant d’un autre plus jeune, et cetera. Vous avez là un cercle métaphorique fondé sur le changement de place.
L’amour implique donc la possibilité d’un changement de place, la possibilité de passer de amant à aimé. Bien évidemment, nombreux sont les rapports amoureux qui ne répondent pas à cet idéal, si je puis dire. Par ailleurs, on a certainement pour chacun d’entre nous une préférence. Une préférence pour une des deux positions ? Je vous laisse penser ça pour vous. Certains préfèrent être dans la position d’amant. D’autres préfèrent être dans la position d’aimé. C’est quelque chose qui a toute son incidence dans la position de l’analyste. Fondamentalement, la position de l’analyse est une place vide et il est très important de savoir, dès les premiers entretiens, à quelle place on remplit cette place vide. Est-ce qu’on est aimé ? Ou est-ce qu’on est aimant pour le sujet qui vient nous voir ? Comment va-t-il falloir y être ? En tout cas au départ, avant qu’on se livre aux joies des changements de position comme dit Genette, eh bien, à quelle place convient-il d’y être présent ? Ce n’est pas non plus en lien avec la structure, évidemment, mais ça, je le laisse de côté.
Côté symbolique, l’amour est donc une métaphore et implique un changement de place. Changement de place qui est requis à la fin d’une analyse. Sidérant. J’espère qu’à la fin d’une analyse, le sujet aura occupé les deux places et pourra par conséquent, disons, tomber amoureux, ou décider de ne pas le devenir, amoureux.
Dernier point sur ce côté symbolique de l’amour. Je voulais l’introduire par un texte de Freud que j’aime énormément et dont je considère que plus on le relit, plus on l’aime. C’est sa lettre à Romain Rolland. Il évoque un souvenir très bizarre qui a eu lieu une vingtaine d’années avant. Donc, ce n’est pas du tout dans l’immédiateté du ressenti. C’est longtemps après, et adressé à un ami. Il raconte ce qui lui est arrivé sur l’Acropole. Il le raconte d’une manière très clinique, détaillant trois moments : les conditions qui président à son voyage en Grèce, puis le moment sur l’Acropole et enfin l’interprétation de ce moment. Avant : il doit partir avec un ami, en fait, son frère, mais il nous dit : un ami, en vacances, comme ils le font tous les ans. Il est pris de mauvaise humeur. Mais il n’arrive pas à se décider. On ne sait pas où il veut aller. Je ne l’ai pas relu pour vous en parler, ce que j’aurais dû faire. Mais il est de mauvaise humeur, j’en suis sûre. C’est un terme qui s’y trouve. Et là, la personne qui lui vend les billets, j’imagine, ou le voyage, lui dit : Vous pourriez aller en Grèce, ça serait bien. Je crois qu’il voulait aller ailleurs. Je crois qu’il voulait aller à Corfou. Enfin bon, il se laisse vendre la Grèce et Athènes. Et puis le voilà sur l’Acropole.
Et là, il a un sentiment que lui-même a qualifié de Entfremd, c’est-à-dire qu’il n’utilise pas le terme par lequel on traduit, « inquiétante étrangeté ». Il utilise un terme qui est plus psychiatrique, et qui renvoie pour ce que j’en sais, moi, je ne parle pas l’allemand, mais j’ai posé la question , qui renvoie plus à un sentiment de dépersonnalisation. Il ne s’agit pas d’inquiétante étrangeté, dont vous savez qu’il l’a eue dans le train, quand il s’est vu dans le miroir. Et puis, mieux encore, en se promenant dans une petite ville, quand il se retrouve toujours dans le quartier des putes. Une fois, deux fois, trois fois même. Donc, se voir dans la glace d’une part, et se retrouver chez les putes, a pu provoquer le sentiment d’inquiétante étrangeté. Mais Entfremd fait plutôt référence à un clivage en lui. Ce clivage est provoqué par une référence à une phrase de Napoléon. En Grèce, il est déjà près d’Alexandre le Grand, un de ses héros. La référence est à un dire de Napoléon à son frère, le jour de son sacre : Que dirait Monsieur notre père s’il nous voyait là ? Donc c’est la référence au Père. À ce moment-là lui revient alors un souvenir de son père portant l’habit de shabbat et le beau chapeau de fourrure dans les rues de la ville où il habitait à ce moment-là. Un antisémite l’avait bousculé et fait tomber le chapeau par terre, son père qui ramassa le chapeau sans rien dire et le remit, sans injurier le type, sans même s’opposer à lui. Le souvenir sur l’Acropole est celui de la déflation du côté splendide de la fonction paternelle. Un mot lui vient : la pitié pour ce père. J’hésite toujours entre piété ou pitié. D’une certaine façon, c’est sans doute les deux, mais fondamentalement, c’est la pitié. Et vous connaissez tous le livre de Stéphane Zweig, La pitié dangereuse. Cela est corrélé à l’au-delà de la fonction paternelle, ça se situe du côté du symbolique.
Venons-en à la troisième dimension, la dimension réelle.
La dimension du réelle
L’amour dans sa dimension réelle. Ma thèse est en effet que c’est l’amour dans sa dimension réelle qui le différencie de l’amitié. Qu’est-ce qui m’amène à dire ça ? Rappelez- vous la phrase de Genette sur l’amour. Vous devriez peut-être changer de position. Qu’est-ce qu’elle a d’équivoque ? Effectivement, il s’agit de places : un homme, une femme, une victime, un bourreau. Le fantasme vient se greffer là-dessus et qui se décline sous des nuances différentes de couleurs différentes. C’est le lien ténu entre amour et fantasme, ce dernier soutenant le désir. Mais ici, on est vraiment au niveau du corps. C’est le corps, c’est le corps, la chair, c’est-à-dire la matérialité du corps parlant.
À New-York, je suis allé dans un endroit où était proposée une expérience de réalité virtuelle. Vous avez déjà fait cette expérience ? Vous entrez dans une pièce totalement vide. On vous met un casque sur la tête. La pièce vide devient la forêt vierge. Vous voulez marcher dans cette forêt vierge et là, il y a un énorme bout de bois. Donc, qu’est-ce que vous faites ? Vous levez la jambe pour l’enjamber. Il n’y en a pas. Vous, vous faites attention à ne pas tomber.
Mais aujourd’hui la science et la technique vont plus loin ; ils sont en train de créer autre chose. Ce qu’ils appellent la métaverse, c’est à dire la réalité augmentée. La « réalité augmentée » désigne que vous allez pouvoir toucher des objets et que ces objets virtuels vont vous répondre et vous toucher, vous. Ça va toucher votre corps. Vous aurez le sentiment que quelqu’un vous serre la main. Mais il y n’y aura personne. On se rapproche de l’hallucination, qui dans la psychose se définit d’une participation du corps. La voix est vraiment entendue. Eh bien là, vous toucherez vraiment une main. La personne qui m’expliquait cette « réalité augmentée » m’a dit combien ça allait bien se vendre, et que des groupes tels que Carrefour étaient très intéressés. Vous allez brancher ça et voilà. Vous n’aurez plus besoin d’un chat. Peut-être même qu’il faudra que vous vidiez son plat. Mais ce ne sera pas vraiment son plat. Mais vous, vous penserez que c’est son plat. Je pense que c’est la notion de la temporalité qui change.
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que justement, la modernité est en train de s’attaquer à ce dernier rempart, si je puis dire, qui dans l’amour est essentiel, à savoir le contact du corps, le peau à peau. L’odeur, le regard, la peau, le toucher… L’érotique, bientôt, on va pouvoir la voir autrement à cause ou grâce à la science.
Mais aujourd’hui c’est un fait que dans l’amour le corps parlante est l’élément de réel qui fait que l’amour est différent de l’amitié. Cela fait même l’objet d’un nombre infini de bleuettes. Les films italiens en témoignent. On s’approche, on s’approche, on s’approche…. C’est l’amitié. Et puis tout d’un coup, on se retrouve à s’embrasser goulument sur la bouche. Et puis après, on se retrouve au lit. Le corps, sa mise en jeu dans le lien est ce qui différencie l’amour de l’amitié.
Et je me demandais : et l’acte ? Quid de la dimension de l’acte, pas seulement un acte de parole, l’acte qui se vit au niveau du corps et qui, du coup d’ailleurs, a fait un retour sur le symbolique ? Comme vous le savez, comme dit Lacan en analysant le franchissement du Rubicon par César, l’acte produit un franchissement et un changement dans la nomination. À partir du moment où il y a ce contact des corps et ces actes de corps, alors on est en droit de se dire qu’on est du côté de l’amour réel. Et ce n’est pas forcément parce qu’on sent qu’on s’aime. Imaginaire ? peut-être. On ne s’aime pas du tout au niveau imaginaire et peut être qu’on ne s’aime pas du tout non plus au niveau symbolique. Mais cet accord-là, au niveau du réel, me permet de faire jouer de manière un petit peu forcée, mais quand même soutenable, les trois modalités comme trois modalités fondamentales. Après avoir parlé de l’amour et tenu ma parole, je vais vous parler de ce dont j’ai envie de parler, l’amitié.
L’amitié est ce que récuse d’abord Montaigne : on ne peut pas avoir de l’amitié pour un père parce que pour un père, on a du respect. Mais l’amour, l’amitié se nourrit de communication. Par exemple, avec ses frères. Mais ce n’est pas non plus de l’amitié avec les frères. Et il a même l’air d’être plutôt méfiant sur le lien fraternel en ce qui concerne l’amitié. Pas non plus pour les enfants, pour ses propres enfants. Il est vrai qu’il en a eu tellement qu’il ne se souvenait pas du nombre qu’il en avait eu. Et alors ? Il s’est trouvé des philosophes dédaignant cette coutume naturelle à se défaire de leurs enfants. Témoin, Aristippe, qui, quand on le pressait de l’affection qu’il devait à ses enfants pour être sortis de lui, il se mit à cracher, disant que cela aussi était sorti de lui et que nous engendrerons bien aussi des poux et des vers. Vous voyez la référence au corps, mais vous voyez aussi que je ne considère pas que c’est dans l’ordre de l’amitié que se situe le lien entre les frères, les enfants, les parents.
Les femmes, c’est pareil : il dit comparer l’affection envers les femmes, quoiqu’elles naissent de notre choix, contrairement à la famille qui n’est pas notre choix. Puis il prend les femmes, au sens des épouses ; et de même que les époux, et aussi les amantes , elles naissent de notre choix. Elles ne font pas partie de la famille. Il cite un dicton en latin, qu’en effet, elle ne nous est pas inconnue, la déesse qui, au souci, mélange une douce amertume. Ça, c’est sa définition du rapport aux femmes et du lien avec les femmes. Il faut tant de rencontres à la bâtir sur cette relation. Le feu pour une femme est plus actif, plus cuisant, plus âpre que dans l’amitié. Mais c’est un feu téméraire et volage, ondoyant, et divers feux de fièvres sujets à des accès et à des remises qui ne nous tient qu’à un coin. L’Amitié, c’est une chaleur générale et universelle, tempérée au demeurant et égale d’une chaleur constante et rassise, toute douceur et polissure, qui n’a rien d’âpre et de poignant. Qui plus est, en l’amour, ce n’est qu’un désir forcené âpre qui nous suit.
Il préfère l’amitié à l’amour pour toutes les raisons que je viens de dire, et aussi parce qu’elle permet d’éviter le désir, croit-il. Suivent trois paragraphes déployant un « désir forcené qui s’évanouit et s’alanguit ». La jouissance le perd comme un liant. La fin corporelle est sujette à satiété. Au rebours, l’amitié jouit à mesure qu’elle est désirée. Donc, pour lui, ce qui fait vraiment le propre de l’amitié est un autre lien avec le désir que le lien que le désir entretient avec l’amour. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de désir, c’est que le lien entre l’amour et le désir n’est pas le même que le lien entre l’amitié et le désir.
Alors comment le définit-il ? Par le fait que ça mette en jeu aussi bien l’âme que le corps et par conséquent, c’est surtout au niveau de l’âme qu’il va définir l’amitié, et non plus au niveau du moi, alors qu’au début, il en soulignait le trait égotique. Si au niveau de l’âme, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont que accointances et familiarité nouées par quelques occasions ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes entretiennent en amitié, elles se mêlent et confondent l’une en l’autre d’un mélange si universel qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Et c’est là que vient la phrase d’après C’est parce que c’était lui, parce que c’était moi. Donc la jointure effectuée entre deux amis se situe au niveau de l’âme, garantie que le lien ne se défera jamais.
La fin du passage explique ce qui s’est passé pour lui lors de la mort d’Étienne de La Boétie à laquelle il assistait. Il n’a pas mis très longtemps à mourir, mais une journée, je crois. Probablement de la peste. Mais De la Boétie fit partir sa femme, avec qui il s’entendait très bien, une femme tout à fait intéressante, poétesse elle-même, pour mourir uniquement dans les bras de son ami. À partir de là, Montaigne inscrit dans son texte à lui les Sonnets de La Boétie et va tout faire pour que le Discours sur la servitude volontaire puisse être de nouveau publié. Est-ce que, comme dans l’amour, il y a des excès dans l’amitié ? Qu’est-ce que l’amitié dans ce cas clinique que je vous propose, entre ces deux hommes, Montaigne et La Boétie ? Est-ce que vous considérez que vous avez affaire à une homosexualité refoulée ? à une métaphore de l’amour ? Il n’y a dans les Essais aucun autre passage de cet ordre. Comme chez Marivaux, finalement, l’amitié est portée au niveau de l’amour. Mais il n’y a pas d’actes sexuels. Suspension de l’acte. C’est dans ce cas en niant l’acte, en refusant l’acte, qu’on ouvre un nouveau champ symbolique.
Vous noterez que l’affiche de votre cours de cette année4, c’est l’image d’une mystique.
Vous comprenez bien que le mysticisme, c’est la même chose, c’est à dire que c’est quelque chose qui met en jeu le corps d’une manière qui échappe à l’acte sexuel. Donc vous avez bien un partenaire, c’est Dieu. Excusez du peu. Vous avez des phénomènes de corps, mais il y en a aussi dans la relation d’amitié avec La Boétie. Votre affiche sur les excès de l’amour, est-ce qu’on peut qualifier ça comme un excès d’amour ? Mystique. Ce qui est intéressant parce que c’est une des choses qu’on n’a absolument pas traitées même.
Frédéric Pacaud fait remarquer que durant toute l’année, il n’a jamais été question du mysticisme.
Vous ne l’avez pas traité du tout ?!
Et pourtant, ces écrits des mystiques sont croquignolesques. Au niveau érotique, c’est quelque chose ! Si vous lisez les poèmes de Saint Jean de la Croix qui justement sont des poèmes où l’aimé répond à l’aimant, qui sont, pour certains hispanophones, les plus beaux poèmes de la langue espagnole classique, vous les trouverez construits sur le modèle du Cantique des cantiques. C’est magnifique. Eh bien, on peut dire que le résultat de l’accouplement de Saint-Jean avec Dieu a produit des poèmes, quand celui de Sainte Thérèse d’Avila a produit une congrégation, seize couvents, une canonisation. Très vite, elle est allée voir le pape et lui réclamer du pognon. C’est une maîtresse femme. Elle était envahie par ses sensations corporelles. Tout ce qui était de l’ordre de ce qu’elle appelait d’un nom nouveau, transverbération, était en fait de l’ordre d’une pénétration extrêmement douloureuse de l’ensemble du corps par la puissance divine. Je vous recommande le livre de Bretécher. Il est très exact. Je vous recommande aussi un film de Verhoeven, Benedetta5. L’héroïne en est une fausse mystique, une tricheuse.
J’ai longtemps cru, faisant erreur sur la personne, en voyant le tableau du Titien6, que l’amour sacré, c’était l’amour profane et que l’amour profane, c’était l’amour sacré. Parce qu’en fait l’amour sacré est bien mieux habillé que l’amour profane. Bizarre quand même ? Non, parce qu’en fait, un profane est celui qui doit rester devant le temple, il ne peut entrer. En fait, quand j’ai lu des textes d’iconographes sur ce tableau, j’ai appris que l’amour profane est habillé avec des habits qui sont beaucoup plus chastes et politiques, liés à la situation de classe. Tandis que l’amour sacré est habillé avec des vêtements qui sont extraordinairement beaux, mais qui sont des voiles transparents, De cette transparence je déduisais Éros et le désir charnel, alors qu’il s’agissait de l’âme.
Olivier Clerc : Mais ça fait penser au film de Fellini, Roma. Là, toute la partie où il y a le défilé de mode, de la mode de printemps au Vatican, pour les diacres, pour les évêques, et tout ça… ils passent en patins à roulettes sur le catwalk. C’est éblouissant et c’est beau. Ça finit par le pape qui disparaît dans une fumée avec sa nouvelle tiare. Enfin.
M.H. Brousse : Oui, c’est beau, mais ça, ça ne renvoie pas à l’amour. Non, c’est vrai, ça vous a plu ? Les curés en défilé de mode, c’est eux ? Bien honnêtement, d’ailleurs. Oui, moi, il y a un autre film que j’aime beaucoup là- dessus, sur les habits, qui était très bien. Donc il y avait l’amour charnel, la mort spirituelle. Il y avait le vrai amour, la vraie amour, le faux amour, l’amour généreux, l’amour intéressé. Enfin, vous pouvez, pour l’amour, presque faire tout ce que j’ai eu en termes de binaires comme ça, ce qui pose un problème de la consistance de l’amour. Et vous voyez bien où je veux en venir. C’est le binaire amitié et amour : est-ce un binaire qui permette de sortir de ça ? Hum. Hum hum. Hum. Hum hum. Hum. Hum, hum. Est-ce que par exemple, dans l’amour sacré, l’amour profane, l’amour est du côté du sacré et l’amitié du côté du profane ? Je pense que Montaigne ne serait sans doute pas complètement d’accord avec ça. Mais il aurait tort. Parce qu’en fait, dans la façon qu’il a de prendre son lien à La Boétie, c’est sacré. Contrairement à des tas d’amitiés qui se déroulent dans le lien social et qui sont liées à des services qu’on se rend, eux ne se sont rendu aucun service. Ils ne sont pas servis l’un de l’autre.
O. Clerc : Les autres, ce sont des copains.
M.H. Brousse : Oui, oui, sans aucun doute. Et le dernier point, la question que vous auriez dû me poser, c’était : et qu’est-ce qu’on fait de l’a-mur alors ? Eh bien, on en fait une interprétation. Le mur du langage. Pas d’amour sans mur du langage. Il n’y a pas d’amour dans le règne animal, ça n’existe pas. Il a de l’attachement, il n’y a pas d’amour. Donc voilà le mur du langage. Deuxièmement, la suppléance aux rapports sexuels. Autrement dit, l’amour vient suppléer au rapport sexuel qu’il n’y a pas. Et dernier point, c’est Lacan qui disait ça, puisque c’est dans …Ou pire, et qu’il est en train de faire un séminaire dans les murs d’un hôpital, il dit : C’est les murs de l’hôpital où ma voix résonne. Donc là, c’est lié à la voix off. Parce que c’est vrai qu’un mur, ça n’empêche pas la voix de passer. Comme on le sait, quand on habite des immeubles où il y a des fêtes nocturnes. C’est mon cas cette nuit jusqu’à cinq heures et demie. Oh oh ! Eh bien oui, c’est affreux ! Peut-on anticiper ça ?
La fête de la musique, m’a-t-il été répondu. Voilà.
Conférence en ponctuation du Cours d’introduction à la psychanalyse d’orientation lacanienne qui s’est tenu à Lausanne d’octobre 2021 à juin 2022.
Notes :
- Françon et Marivaux, pour l’amour de la langue. ↑
- Genette, Gérard. Bardadrac. ↑
- Montaigne, Essais, Œuvres Complètes, Gallimard, bibliothèque de la pléiade, Paris 1963, Livre I, Chapitre XXVIII, De l’Amitié. ↑
- Il s’agit de la sculpture en marbre du Bernin représentant L’extase de Sainte Thérèse, relatée par Thérèse d’Avila dans son ouvrage autobiographique, le Livre de la vie. L’extase dont il s’agit ici est plus précisément la transverbération, événement mystique d’une grande rareté dans la religion chrétienne et qui désigne le transpercement spirituel du cœur par un trait flamboyant. Cette sculpture constitue le groupe central placé dans l’écrin de la chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria à Rome, dont Le Bernin a conçu entièrement l’architecture, la construction et la décoration. ↑
- Benedetta et la fable mystique. ↑
- Amour sacré et Amour profane. ↑